Du XVIIIe au XXIe siècle : un
château néogothique !

 

Depuis son ouverture au public en 1998, Brézé s'est imposé comme l'un des monuments incontournables du Val de Loire. Ses souterrains uniques au monde, ses pièces troglodytiques étonnantes, ses chambres meublées et son architecture particulière suscitent la curiosité. Des premières cavités creusées aux récentes restaurations permises notamment grâce aux visites, le château totalise plus de 1000 ans d'histoire. Seulement cinq familles se sont succédé entre ses pierres et ses murs, tandis que plus de 100 000 visiteurs foulent chaque année son sol. Depuis 1959, le château de Brézé est la propriété de la famille de Colbert, nom associé pour toujours au célèbre ministre de Louis XIV.

XVIIIe siècle │ La famille de Dreux-Brézé au service des Rois Bourbons

Le château de Brézé devient la propriété de la famille de Dreux-Brézé à partir de 1682. Quelques années plus tard, en 1701, elle reçoit de Louis XIV la prestigieuse charge de Grand Maître des Cérémonies du Roi. Celle-ci, apparue sous Henri III, hisse la personne qui en est détentrice au plus proche du pouvoir royal avec la tâche complexe d'organiser toutes les cérémonies publiques du monarque. Thomas II de Dreux, Marquis de Brézé, est le premier de la famille à détenir cette lourde fonction héréditaire. Quatre autres membres de Dreux-Brézé le succéderont.

En tant que Grand Maître des Cérémonies du Roi, Henri-Évrard de Dreux-Brézé est chargé, en 1789, de préparer la réunion des États Généraux. Le 23 juin, il est envoyé à Versailles par Louis XVI afin de représenter le monarque lors du Serment du Jeu de Paume. Dans une ambiance extrêmement agitée, il se voit répliquer par le Comte de Mirabeau la phrase restée célèbre : « Monsieur, allez dire à votre Maître que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous n'en sortirons que par la force des baïonnettes ! » La Révolution française éclatant, le château est mis sous séquestre et Henri-Évrard est forcé à l'exil durant plusieurs années avant de reprendre ses fonctions lors de la Restauration en 1814.

XIXe siècle │ Le temps des changements architecturaux

Le XIXe siècle est sans nul doute le siècle le plus bouleversant pour l'architecture de Brézé. Au fil des décennies, le château s'habille d'un élégant style néogothique, mode architecturale de l'époque correspondant à une évocation des éléments défensifs du Moyen Âge. Tout d'abord, Henri-Évrard et son épouse Adélaïde de Custine entreprennent, à leur retour d'exil, les travaux de prolongation du logis Renaissance qui n'avait jamais été terminé. Le style d'origine, riche de plusieurs références antiques, est alors scrupuleusement respecté. En 1838, la salle à manger du logis principal est décorée dans un style néogothique. Nous devons cet embellissement à Charles Cicéri, célèbre décorateur de théâtres parisiens qui s'est aussi illustré à l'Opéra Garnier de Paris. Cette pièce à l'ambiance si particulière accueille une riche collection d'armes et d'armures ayant appartenu à Scipion de Dreux-Brézé, cadet de Henri-Évrard. Leur petit frère, Pierre de Dreux-Brézé, est à l'origine de nombreuses modifications au château de Brézé. Avec son neveu Henri-Simon, ils entreprennent des travaux d'agrandissement et d'embellissement des intérieurs, toujours dans le style néogothique. L'architecte angevin René Hodé - contemporain du célèbre Eugène Viollet-le-Duc - modifie ainsi deux des trois ailes du château, crée la grande galerie, construit la tour carrée de la façade nord et imagine une charmante rotonde à la base de la tour de l'horloge.

Depuis le XIXe siècle │ L'ouverture au public et les restaurations

En 1959, Brézé est le théâtre du mariage de Bernard de Colbert et de Charlotte de Dreux-Brézé. Par cette union, le château devient la propriété de l'illustre famille du Grand Colbert, puissant et ambitieux ministre de Louis XIV. Le couple souhaitant partager leur trésor patrimonial, ils décident d'ouvrir le château aux visiteurs en 1998. Il faut attendre juillet 2000 pour qu'une première partie du réseau troglodytique soit ouverte au public. En 2006, un chantier considérable est entrepris par le Comte et la Comtesse de Colbert avec la décoration de la grande galerie néogothique par l'atelier parisien d'Amaury de Cambolas. Cette immense salle de réception bâtie au XIXe siècle est aujourd'hui visitable, tout comme peut l'être le logis Renaissance ouvert à la visite en 2014. Chaque année, de nouveaux chantiers de restauration afin d'entretenir et de mettre en valeur ce véritable bijou légué par l'histoire.